La dégradation de notre environnement a des effets néfastes sur les écosystèmes aquatiques et sur les êtres vivants. En tant qu’humains, nous sommes à la fois responsables et victimes de cette dégradation. Avec la perte d’habitat, la pollution est une des causes principales de la détérioration de notre environnement.
La pollution est un apport direct ou indirect, volontaire ou involontaire, chronique ou ponctuel, d’énergie ou de substances toxiques sous forme solide, liquide ou gazeux. Cet apport entraine la dégradation de la qualité de l’environnement et de l’eau.
La pollution peut être physique, chimique ou biologique ; organique ou inorganique. En plus d’être sous différentes formes, elle peut se retrouver à différents endroits : pollution de l’atmosphère, pollution des sédiments, pollution de l’eau. Notre environnement direct est donc touché à différents niveaux par la pollution.
La pollution de l'eau ne date pas d'hier. La sédentarisation des humains et les premières industries ont rapidement provoqué des pollutions localisées de l’eau. Cette situation perdure de nos jours.
La pollution de l'eau est dans la plupart des cas immédiate. Mais, dans certains cas, les impacts d'activités humaines peuvent apparaître à retardement. Par exemple, un déversement d’hydrocarbures peut mettre plusieurs années à atteindre la nappe phréatique et à la contaminer. Moins visible, la contamination de l’eau souterraine est souvent irrémédiable et peut avoir des impacts considérables sur les populations et leur mode de vie. Une nappe phréatique contaminée peut prendre des milliers d’années avant de retrouver son état normal. En outre, les sédiments des cours d'eau peuvent conserver les traces de pollutions anciennes qui pourront se retrouver dans les eaux après une opération de drainage par exemple.
Les causes majeures de pollution sont les:
La pollution ponctuelle est celle qui provient d’un point unique et identifiable. Il s’agit par exemple d’un rejet direct dans le cours d’eau, comme le rejet d’une usine. Les sources de pollution ponctuelle sont relativement faciles à repérer, ce qui permet d’évaluer précisément leurs impacts. Ce type de pollution a été fortement réduit au cours des dernières décennies grâce à des lois et à des programmes gouvernementaux qui interdisent les rejets de polluants directement dans le cours d’eau ou qui, minimalement, obligent le traitement de ces rejets par les émetteurs. Plusieurs sources de pollution ponctuelle sont toutefois encore observées.
Milieu agricole
Milieu industriel
Milieu urbain
La pollution urbaine est généralement diffuse. Cependant, par le ruissellement de surface, les polluants sont en grande partie canalisés et rejetés au cours d’eau de façon ponctuelle par le réseau d’égout.
Les sources de pollution diffuse sont beaucoup plus difficiles à identifier en raison de leur répartition sur le territoire et de leur manifestation intermittente, par exemple lors d’épisodes de fortes pluies.
De plus, au cours de leur parcours, les polluants peuvent subir des transformations physiques, chimiques et biologiques, ce qui complique l’identification de la source de pollution. La pollution diffuse est aussi plus difficile à contrôler que la pollution ponctuelle étant donné la multitude de sources.
Plusieurs sources de pollution diffuse sont observées, dont les suivantes :
Milieu agricole :
Milieu industriel :
Milieu urbain
Crème solaire chimique: dégradation de la flore et de la faune aquatique, plus fréquente en eau salée. En Suisse, une étude a montré des effets négatifs indirects sur la truite de rivière. Les substances chimiques contenues dans les crèmes filtrent les ultraviolets et détruisent les microorganismes indispensables à certains êtres vivants. Il est donc préférable d’utiliser une protection de type minérale plutôt que chimique.
Médicaments: malgré le traitement de l’eau suite à notre utilisation, des composés se retrouvent dans les rivières. Ils peuvent avoir des impacts sur la morphologie des certaines espèces aquatiques en s’accumulant dans leurs tissus (p. ex.: féminisation des poissons dû aux rejets dans l’urine des femmes des hormones synthétiques contenues dans les pilules contraceptives). Les poissons étant au haut de la chaine alimentaire, ils sont plus susceptibles de consommer des proies contaminées. Les polluants se retrouvent alors dans la chair des poissons que nous pouvons consommer.
Déchets plastiques - Exemple du « Great Pacific Garbage Patch ». Une zone du gyre subtropical du Pacifique nord est aussi connue sous le nom de « soupe de plastique » ou de « septième ou huitième continent ». Cette mer de déchets est située juste sous la surface de l’eau ce qui la rend indétectable par les satellites. Les plastiques représentent 90% des déchets flottant sur les océans. Selon les endroits, la quantité de plastiques est six fois plus importante que celle du plancton, premier maillon de la chaine alimentaire. La superficie de ce nouveau continent est estimée entre 700 000 km2 et 2 000 000 km2. Ces débris de plastique fixent de nombreuses toxines telles que des pesticides (DDT, le dichlorodiphényltrichloroéthane) et des PCB. Ces contaminants peuvent se retrouver dans le réseau trophique et donc toucher les humains.
La pollution de l’eau a des conséquences directes et indirectes sur la santé humaine. Annuellement, le Canada enregistrerait environ 90 000 cas de maladie et 90 décès imputables à l’insalubrité de l’eau potable (source : Environnement Canada, dernière consultation le 19 juillet 2012). Actuellement, dans les réserves des Premières nations, jusqu’à 75% des réseaux d’approvisionnement en eau présentent des risques importants quant à la qualité de l’eau potable et à la sécurité de la population (source : commissaire à l’environnement et au développement durable, dernière consultation le 19 juillet 2012).
La perturbation de l’environnement et des écosystèmes engendre la modification des conditions de vie. Un excès de phosphate et de nitrate provoque l’eutrophisation du milieu et donc la disparition de la vie. Les habitats jouent un rôle essentiel dans l’épuration naturelle de l’eau, leur dégradation ou leur perte a des conséquences sur la qualité de l’eau.
Des bactéries, des virus et des agents pathogènes peuvent polluer l’eau, rendre la baignade interdite et contaminer les mollusques qui sont alors impropres à la consommation.
Les composés toxiques présents dans les pesticides se retrouvent dans l’eau (p. ex. : à cause de la pluie et du lessivage). Ils détruisent des espèces indésirables mais ils ne sont pas assez sélectifs pour épargner l’ensemble des espèces non nuisibles. La chaine alimentaire peut être perturbée et les composés peuvent s’accumuler dans la chair des poissons et se retrouver dans nos assiettes.
Prenons l’exemple du perchlorate. Il s’agit d’une substance chimique utilisée dans des produits militaires et industriels. Il est nocif lorsque présent en trop grande quantité dans l’eau, le lait, la laitue… Cette substance inhibe le captage par la glande thyroïde de l’iodure présent dans la circulation sanguine. Le problème est que ce captage est indispensable à la glande thyroïde afin qu’elle produise les hormones intervenant dans le métabolisme et la croissance. Des perturbations prolongées peuvent provoquer une hypothyroïdie et des changements métaboliques, ainsi qu’une diminution de la performance intellectuelle et une altération du développement. Le Canada n’a pas encore fixé une norme nationale exécutoire quant à la valeur seuil à ne pas dépasser.
Les polluants chimiques présents dans l’eau peuvent engendrer des malformations congénitales et sont sources de maladies telles que des cancers. La pollution des eaux souterraines provoque la pollution des nappes phréatiques. Ceci est particulièrement le cas dans les bases militaires. Sous les champs de tir, les eaux souterraines sont polluées, des teneurs importantes de métaux lourds sont retrouvées (p. ex. : cuivre, zinc, plomb).
Les polluants chimiques présents dans l’eau peuvent aussi être des perturbateurs endocriniens. La pilule contraceptive est accusée de libérer des quantités importantes d’œstrogènes (hormone naturellement présente chez la femme) dans l’urine des femmes. Cette hormone se retrouve alors dans l’eau car elle n’est pas éliminée lors du traitement dans les stations d’épuration. Des constats de bioaccumulation de l’œstrogène ont été faits chez les poissons. Cela signifie que des taux très élevés peuvent être retrouvés chez les prédateurs supérieurs et chez les humains.
Outre l’œstrogène, des produits de synthèse sont aussi anti-androgènes ce qui signifie qu’ils bloquent la production d’hormones mâles et favorisent l’apparition d’individus femelles. Ces produits sont présents dans les fongicides, les parabènes et les conservateurs utilisés dans l’alimentation et en cosmétique. Depuis de nombreuses années, la féminisation des poissons dans les cours d’eau ne fait donc aucun doute. Cette perturbation du système endocrinien semble aussi toucher les humains. La Première nation d’Aamjiwnaang (communauté localisée à proximité de la rivière St. Clair, Ontario) a enregistré une diminution sensible du nombre de naissances d’enfants de sexe masculin. Les produits chimiques libérés par les usines pétrochimiques environnantes ne seraient pas étrangers à cette perturbation.
En 2010, après plus de quinze ans de débats, les nations unies ont reconnu que l’accès à l’eau de qualité et à des installations sanitaires est un droit humain. Toutefois, le Canada s’est abstenu de voter en faveur de cette résolution. Le texte « déclare que le droit à une eau potable propre et de qualité, et à des installations sanitaires est un droit de l’homme, indispensable à la pleine jouissance du droit à la vie ». Au Canada, pays industrialisé, des communautés n’ont pas encore accès à de l’eau potable.
À travers le monde, la pollution des eaux tue tous les jours plus de 6 000 personnes. Cette pollution est principalement liée à des maladies causées par une eau impropre à la consommation et l’absence de sanitaires.
L’eau est une ressource vitale pour la plupart des êtres vivants. Il est donc important de limiter les sources de pollution et de trouver des solutions pour palier à ce problème.
Il faut encourager les agriculteurs à choisir des produits moins nocifs (p. ex.: l’utilisation d’un substitut de la lutte chimique pour protéger les cultures).
Il faut encourager les industriels à diminuer la pollution de l'eau provenant de leurs usines et à mettre au point des substances moins toxiques pour les humains et leur environnement.
Il faut sensibiliser les citoyens et les encourager à utiliser des produits sanitaires écologiques et à éviter de rejeter les déchets ménagers dans l'eau.
Il est nécessaire de changer la vision que nous avons de l’eau – ce n’est plus une ressource inépuisable. Modifier nos politiques de gestion et la volonté de nos gouvernements à voir un changement, etc.
De simples actions peuvent permettre d’empêcher les activités humaines contaminant l’eau et donc de limiter l’empreinte écologique des humains.
BUREAU DU VÉRIFICATEUR GÉNÉRAL DU CANADA. Chambre des communes, commissaire à l’environnement et au développement durable. www.oag-bvg.gc.ca. Dernière consultation le 19 juillet 2012.
ENVIRONNEMENT CANADA. www.ec.gc.ca Dernière consultation le 19 juillet 2012.
MACKENZIE, C.A., A. LOCKRIDGE, M. KEITH. 2005. Declining Sex Ratio in a First Nation Community. Environ Health Perspect. 113:1295-1298.
SAFE DRINKING WATER FOUNDATION. www.safewater.org. Dernière consultation le 19 juillet 2012.
SANTÉ CANADA. www.hc-sc.gc.ca Dernière consultation le 19 juillet 2012.